Ci-joint un joli (et intéressant) texte sur l'adoption et la filiation...On n'a pas fini d'en parler!
Les merveilleuses coincidences de la vie
Aux portes de l'adoption que de choix à faire ! Par où commencer et qui peut nous orienter vers « notre » enfant ? Qui sera-t-il ? Un garçon, une fille ? Quel âge aura-t-il, aura-t-elle ? Quel chemin prendre pour se rendre jusqu'à lui ? Comment pouvons-nous savoir dans quel pays il se trouve ? C'est par une série de petits hasards que peu à peu se construit le projet. Une rencontre, une lecture, un voyage, un évènement, un film .... Des hasards, des coïncidences ...
Pour s'embarquer dans une telle aventure on doit croire qu'il existe quelque part un enfant qui nous attend -nous-, croire qu'un lien nous unit déjà à un enfant. C'est très différent du sentiment qui anime des parents qui conçoivent un enfant. L'enfant dans ce cas est le résultat de la rencontre du couple. II arrive « naturellement » dans la famille, sans que des réflexions existentielles viennent questionner leur désir d'enfant. Les parents n'ont pas à chercher dans l'univers, l'enfant qui leur est destiné. Cet enfant leur est donné, comme un cadeau, il répond au besoin du couple de se reproduire, de se prolonger.
L'enfant adopté lui, répondra d'abord au besoin de ses parents de transmettre des valeurs, une éducation, au besoin de prendre soin d'un tout petit, de former une cellule familiale. Dans les deux cas l'enfant qui arrive est destiné à vivre dans cette famille. Dans les deux cas, une personne bien précise a été sélectionnée pour se joindre aux autres et former ainsi un groupe de vie. À ceux qui me parlent de mon « vrai » fils, en parlant de mon enfant biologique, je réponds que mes trois enfants sont mes vrais enfants car ils m'étaient tous trois destinés. Qu'ils viennent de mon ventre ou non, nous devions vivre notre vie tous ensemble.
Adopter va au-delà de la simple pulsion de se reproduire. Adopter va au-delà de la simple pulsion de se reproduire. Adopter c'est vouloir aller vers un enfant qui existe en dehors de nous, en dehors de notre volonté, un enfant destiné à venir grandir dans notre famille. Adopter c'est se laisser aller à une rencontre qui semble orchestrée par d'autres mais qui en fait est un appel entre un enfant et un parent pour qu'ils se rencontrent au-delà de la biologie, au-delà de la généalogie. Par une espèce de lien qui les unit dans l'espace.
La légende chinoise du fil rouge illustre bien ce lien cosmique. Selon une croyance chinoise, lorsqu'un enfant naît, des fils rouges invisibles relient l'âme du nouveau-né à toutes les personnes - actuelles et futures - qui seront présentes dans sa vie. Au fur et à mesure que les années passent, ces fils raccourcissent,resserrant les liens entre l'enfant et les gens qui sont importants dans sa vie. Ces fils peuvent s'étirer, s'amincir ou se détendre mais jamais ils ne casser-ont ...
Adopter c'est vouloir aller vers un enfant qui existe en dehors de nous, en dehors de notre volonté, un enfant destiné à venir grandir dans notre famille. Pour savoir vers quel chemin se diriger en adoption, l'adoptant a dû croire à la synchronicité définie par le psychiatre suisse Carl Jung comme « une coïncidence significative entre deux ou plusieurs évènements où entre enjeu, autre chose que les probabilités du hasard. ». Autre chose, c'est une force qui nous aspire vers des choix à réaliser. Autre chose, c'est un appel vibrant qui nous fait poursuivre nos démarches malgré les embûches. Autre chose, ce sont des circonstances qui nous amènent vers un destin souvent très éloigné du projet initial.
Suivre sa destinée, ce n'est pas être fataliste, ce n'est pas se laisser aller et suivre le courant, c'est être proactif pour ramasser en chemin toutes sortes d'éléments qui nous permettent d'avancer. C'est aller puiser dans nos forces intérieures les ressources qui nous guident dans telle ou telle direction. C'est être à l'affût et à l'écoute des indices placés sur notre route. On a parfois peur, car c'est l'inconnu, et qu'on ne contrôle rien. Mais, c'est comme un jeu de piste : il faut faire des recherches, il faut traverser des obstacles, il faut former des alliances, il faut vouloir gagner. Ce n'est pas toujours facile de se fier à son instinct, de poursuivre et de s'acharner uniquement en faisant confiance à la Vie.
Adopter c'est se laisser aller à une rencontre qui semble orchestrée par d'autres mais qui en fait est un appel entre un enfant et un parent pour qu'ils se rencontrent au-delà de la biologie, au-delà de la généalogie. II y a un aspect positif à retenir du parcours par moments tortueux qui nous conduit à notre enfant, c'est que les nombreux défis relevés nous ont obligés à la persévérance, à la constance, à la cohérence, qualités qui nous serviront pour dénicher des services spécialisés, des ressources, des chemins de traverse, des astuces, des aubaines, etc., toutes choses utiles dans l'éducation des enfants et dans la vie de famille.
Nous avons développé de l'acuité pour détecter les signaux et saisir les occasions. Et là, par petits miracles on se trouve au bon moment et au bon endroit pour recevoir les informations que l'on cherche, on rencontre la bonne personne qui nous indique le chemin à suivre.
Les adoptants parlent tous de coïncidences surprenantes, de liens préexistants qui unissent leur enfant à leur famille. Que ce soient des noms, des dates, des évènements, il y a une concordance qui ne peut pas être que le fruit du hasard. Et c'est lorsque l'on vit au quotidien avec nos enfants adoptés qu'on réalise à quel point ces enfants sont vraiment les nôtres, au plus profond de nous, qu'ils ont eu aussi bénéficié de la synchronicité. De toute façon, nous faisions déjà partie des fils rouges invisibles qui nous reliaient les uns aux autres ! ! !
Plusieurs penseront que cette idée est complètement farfelue. Mais l'idée qu'un être humain est créé par la rencontre entre un seul spermatozoïde (sur des milliers de possibilités) avec un ovule à un moment précis de l'ovulation, l'est tout autant. Là aussi il y a le hasard et les coïncidences qui jouent ! ! ! !
Claire-Marie Gagnon
La Cigogne, Journal de la Fédération des parents adoptants du Québec, été 2007.
